Tour de plaine

5 techniques pour limiter le tassement du sol

Que ce soit à l'implantation de la culture, lors de la récolte du précédent ou d'un épandage, le tassement du sol entraîne une baisse significative du rendement de la culture en place. Le poids de plus en plus important des engins agricoles induit des tassements de sol très peu réversibles. Surtout en condition humide. Voici 5 techniques efficaces qui permettent aux agriculteurs d'anticiper ces phénomènes et de limiter le tassement du sol pour préserver ses rendements.

PZ-0620-Tracteur sol pneu

SOMMAIRE
  1. les roues jumelées
  2. le télégonflage
  3. les pneus basse pression
  4. augmenter la surface de contact avec le sol
  5. réduire la charge des engins

5 techniques pour réduire le tassement du sol

1/ Les roues jumelées

L’utilisation des roues jumelées n’est pas nouvelle. C’est la méthode la plus efficace pour lutter contre le tassement: la surface de contact entre le sol et les pneus est la plus importante. Cependant, c’est une méthode encombrante et peu pratique. L’installation demande du temps et le transit du tracteur sur la route nécessite, en théorie, une voiture pilote car la largeur des essieux dépasse largement les 3 mètres réglementaires.

tractor-5310952_1920 Tracteur New Holland équipé de roues jumelées pour limiter le tassement du sol

2/ Le telegonflage

Disponible chez de nombreux constructeurs, le télégonflage est une option assez récente. Elle permet de gonfler ou dégonfler les pneus du tracteur sans avoir besoin d’un compresseur additionnel.

L’avantage de ce type d’équipement est de pouvoir adapter la pression des pneumatiques à la situation dans laquelle mon tracteur se trouve : sur la route, la pression optimale des pneus et supérieure à celle nécessaire dans un champ. L’opérateur peut donc facilement adapter le réglage de la machine afin de limiter l’usure des pneus sur la route en diminuant la résistance au roulement et réduire les risques de tassement du sol lors du travail dans la parcelle. 
Pour en savoir plus sur le télégonflage, vous pouvez lire notre article sur le coût du télégonflage d'un tracteur agricole.

PZ-0620-JohnDeere Telegonflage

John Deere équipé du système de télégonflage  

3/ Les pneus basse pression

Les pneus basse pression sont une autre possibilité pour éviter la compaction du sol. Inventés par Michelin pour l’agriculture, le principe est de diminuer la pression du pneumatique afin d’augmenter la surface de contact entre le pneu et le sol. Et ainsi obtenir un pneu plus déformable qui épousera les formes du sol. Ainsi la masse est mieux répartie sur une plus grande largeur du pneu.

En revanche, pour baisser la pression des pneus, il est absolument nécessaire d’avoir des pneus spécifiques.

Les pneus basse pression permettent d'augmenter la charge de 35 à 40% et de diminuer la consommation de carburant

Le fait que la surface du pneu en contact avec le sol soit plus importante améliore l’adhérence et diminue le tassement différentiel. Cependant, ce type de pneumatique a un coût supérieur à celui d’un pneu traditionnel.

4/ Augmenter la surface de contact pour limiter la compaction du sol

Une autre méthode que l’on peut mettre en place est l’augmentation de la surface de contact entre le sol et les pneus. Tout comme avec le télégonflage ou les pneus basse pression, on peut augmenter la surface de contact entre le sol et les pneus avec des pneus larges mais aussi par une gestion du matériel différente.

En effet, certains outils sont prévus pour augmenter cette surface et étendre le tassement sur une plus grande largeur : le « tasse- avant » est un outil très utilisé, c’est un ensemble de 4 roues (ou plus) monté sur un châssis et attelé à l’avant du tracteur qui permet de supporter un peu le poids de ce dernier et de le répartir sur toute la largeur du tracteur.

L’utilisation d’outils auto-portés permet aussi d’augmenter le nombre de roues présentes sur l’ensemble de la machine et ainsi d’augmenter la surface de contact et de diminuer la charge que porte chaque roue.

5/ Réduire la charge des engins

Lors de la préparation des machines, on est souvent tenté de combiner les outils sur un même tracteur. Il est donc courant de voir des tracteurs avec 1 à 2 outils à l’arrière et 1 outil à l’avant. Mais ce type de pratique alourdit fortement le tracteur et augmente la pression exercée, accroissant le tassement au champ.
Même si cette pratique permet souvent d'économiser un passage de tracteur, ce qui peut dans certain cas, être plus rentable, il est préférable de limiter son usage pour éviter le tassement du sol.

De plus, si pour un même résultat, le fait de « décombiner » les outils augmente le nombre de passage dans la parcelle, le bilan « tassement du sol » à la fin des travaux peut être pire que l’utilisation du combiné. Ce choix est donc à réfléchir en fonction du type de travail que l’on réalise et des outils utilisés.

Pourquoi éviter le tassement du sol ?

Le tassement du sol est une problématique récurrente dans les parcelles, qui s’accentue avec le grossissement des exploitations et par conséquent l'augmentation de la taille du matériel agricole. Le tassement du sol peut pourtant être responsable de perte de rendement allant jusqu’à 30%. De plus, il accentue la difficulté de travail du sol, impliquant ainsi l’usure prématurée du matériel, une puissance nécessaire de traction supérieure et plus le tracteur développe de puissance pour tirer un outil, plus il tasse : c’est donc une sorte de cercle vicieux.

Un sol tassé peut entraîner une perte de 30% de rendement

Lorsqu’un sol est tassé, il y a une diminution de la porosité du sol créé par le travail du sol, les vers et les anciennes racines. Cette diminution rend le sol plus compact et complique la levée des cultures car le développement racinaire y est moindre.

On distingue 2 types de tassement : l

  • les tassements superficiels (10 cm) produits par la répétition des passages sur le long terme.
  • et les tassements profonds (20-30 cm) provoqués lorsqu' il y a une quantité importante d' eau dans le sol.

Quels sont les sols les plus sensibles au tassement ?

Les sols les plus sensibles au tassement sont les sols limoneux et argileux. La résistance d’un sol, et donc le maintien de sa porosité, dépend de sa texture (proportion de sable, de limons et d’argile), de la teneur en matière organique et de l’humidité du sol. Les sols limoneux sont ainsi plus sensibles aux tassements naturels que les sols argileux.

Pour améliorer la résistance au tassement du sol, on peut augmenter sa teneur en matière organique de manière à alléger le sol et limiter sa capacité de compaction.

Les sols ressuyés sont aussi moins sensibles au tassement. Un sol sec est naturellement plus friable qu'un sol humide.

Les sols limoneux argileux très humides sont donc les sols les plus sensibles au tassement.

Comment évaluer le tassement de ma parcelle ?

Il existe plusieurs méthodes pour évaluer le tassement de votre sol, les plus courantes étant :

  • la méthode bêche
  • le profil cultural
  • le mini-profil 3D

La méthode bêche

La méthode bêche consiste à prélever une portion de terre le plus profond possible avec la bêche et de répéter l’opération 6 fois en diagonale sur un rectangle 3 mètres sur 15. Il s’agit d’observer les différents horizons de sol, la désagrégation du bloc à la main et la fragmentation des plus grosses mottes.

On va ainsi identifier la qualité des agrégats, du plus friable (facile à briser avec une seule main) au plus compact (nécessite de la force pour briser la motte). Les agrégats les plus friables sont souvent poreux, en présence de racines et de galerie de vers.

Les plus compactes sont très peu poreux, une anoxie est possible et les seules racines présentent se trouvent dans les fissures. Il faut aussi apprécier la présence de vers de terre, 2 types sont à reconnaître : les épigés (présent de 1 à 5cm de profondeur) et les endogés (de 1 à 20 cm de profondeur). Un sol tassé aura naturellement une vie moins importante.

Le profil cultural

Le profil cultural est une méthode de détermination du tassement du sol qui consiste à creuser une fosse de 0,5 à 1,5m de profondeur sur une largeur d’environ 3-4m avec une lame arrondie.

Ce type d’expérience se réalise plutôt sur sol ressuyé et permet une analyse plus complète de l’état du sol mais est largement plus complexe à mettre en œuvre. Elle est plutôt réservée aux experts. 

Une fois la fosse creusée et à l’aide d’une lame arrondie, on effrite les différents horizons afin de voir apparaître les différences de texture, de structure, de tassement, de compacité et d’humidité ainsi que la profondeur du sol, le profil racinaire, les galeries de vers de terre, la porosité, les traces et les impacts des derniers travaux des sols.

A partir de ces observations, l'expert est en mesure de faire une interprétation du profil et ainsi de déterminer les opérations culturales ou les éléments du système de culture qui sont responsables des observations faites et établir un diagnostic.

Le mini profil 3D

Le mini-profil 3D consiste à planter une fourche de chargeur télescopique dans la terre pour prélever un bloc de terre.

Cette technique est un bon compromis entre les 2 méthodes précédentes car elle est moins compliquée à réaliser que le profil cultural mais est plus approfondie que le test bêche. Ainsi, il est possible de voir sur la portion de terre prélevée les différentes couches et horizons du sol et d’interpréter alors cet échantillon.

 

L’idéal est de faire deux prélèvements avec deux orientations différentes : une dans le sens du semis et une autre perpendiculaire à ce sens. Il faut bien sûr réaliser ce prélèvement dans un endroit représentatif de la parcelle.

Une cartographie de la végétation à l’aide des images satellites de Spotifarm peut aider à identifier des zones dont le développement végétatif est plus faible, en lien avec l’état structural du sol.

Evaluer l'hétéorogénéite d'une parcelle

Comment reprendre un sol tassé ?

Pour détasser son sol de manière radicale, il est possible d’utiliser certains outils comme la charrue, le décompacteur ou la sous-soleuse. Ces techniques permettent de travailler le sol en profondeur mais elles ont tout de même des limites : la profondeur de travail ne dépasse pas les 40 cm pour le décompacteur et les 70 cm pour la sous-soleuse.

De plus, ce type d’outil nécessite de la puissance et a des débits de chantier très réduits. Ce type de pratique est donc à limiter. L’utilisation de tels outils est aussi à raisonner avec le type de sol et la période d’opération.

La luzerne est une espèce qui est très intéressante pour ce type de travail. Cependant il faut que la couverture végétale reste en place au minimum deux années pour avoir un effet significatif sur la structuration et le tassement du sol. Cette méthode se montre très efficace mais prend beaucoup de temps (jusqu’à dix dans certains cas).

Plusieurs solutions existent pour remédier au problème de tassement du sol. Il est possible de détasser son sol en laissant faire le temps, la faune et la flore de sa parcelle. La vie bactérienne du sol et la présence de plantes aux systèmes racinaires très développés permet de rendre au sol sa structure et d’aérer ce dernier afin de recréer de la porosité.

Pour en savoir plus...

Rémi de Spotifarm 🛰️

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