Le corbeau est un oiseau de la famille des corvidés très présent dans les campagnes. Comme d'autres espèces de corvidés (corneille, choucas), le corbeau est très friand des cultures de printemps comme le maïs ou le tournesol. Ce ravageur cause des dégâts importants dans les parcelles, entraînant des coûts supplémentaires de resemis pour les producteurs. Heureusement, plusieurs solutions de lutte contre ces nuisibles sont disponibles. Dont certaines font l’objet d'une réglementation particulière.
A la suite du non-renouvellement de l’approbation du thirame, substance active de la majorité des produits d'enrobage, l’utilisation de semences traitées avec un répulsif à corbeaux n’est plus envisageable à partir de cette année. Causant de nombreux dégâts sur les parcelles de maïs et de tournesol notamment. Néanmoins, les techniques de semis garantissant une bonne implantation des cultures de printemps sont un des premiers leviers d'action pour limiter l'accès à la graine pour les oiseaux.
Pour prévenir les nuisances liées aux corbeaux ou aux corneilles, il est recommandé de semer la graine de votre culture le plus profond possible. De plus, la préparation du sol avant semis est aussi très importante : il est conseillé d’éviter le semis dans un sol trop motteux ou avec présence importante de résidus. Cela facilite l’atteinte de la graine par les corvidés.
De même, les semis en décalés (précoces ou tardifs) sont favorables à la présence de corvidés. L'idéal est de regrouper les semis sur une même zone géographique. Ainsi, corbeaux et pigeons n'auront qu'une seule période favorable aux attaques. Les dégâts d'oiseaux seront alors réduits de la fenêtre de tir plus courte.
Les pièges à corbeaux sont généralement d’imposantes cages en métal avec une forme particulière. La partie supérieure est dirigée vers le ciel et en forme de V (le V étant dirigé vers l’intérieur).
L’objectif étant de faire pénétrer les corvidés par le fond du V qui dispose d’un mécanisme de non-retour. En effet, les corbeaux ne peuvent s’échapper de la cage les ailes déployées. Généralement, le plus difficile est de capturer la première corneille dans le piège, les prises multiples s’enchaînent ensuite dans la cage. Les corbeaux voyant un de leur congénère vivant dans la cage avec de la nourriture, se méfient moins.
Pour une efficacité optimale dans le piégeage des nuisibles, il faut placer la cage en bordure du champ que l’on veut protéger et placer de la nourriture à l’intérieur pour attirer les corvidés. Les oiseaux comme les corbeaux freux ou les corneilles noires sont friands de petits insectes, de graines, de jeunes pousses végétales, de larves et de vers en tout genre. Les petits rongeurs rentrent également dans le régime alimentaire de certaines espèces.
Les effaroucheurs passifs les plus utilisés contre les corvidés sont des cerfs-volants en forme de prédateur. Ils ont en général une grande envergure (environ 1m20) qui leur procure de la visibilité et de la crédibilité auprès des ravageurs. L’objectif de ce type d’effaroucheur est d’imiter le vol d’un rapace cherchant sa proie. Le vol imprécis et brusque de l’effaroucheur crée un environnement stressant et qui semble dangereux pour les oiseaux indésirables.
Pour optimiser l’utilisation de cette protection contre les nuisibles, il est recommandé de placer l’objet dans la parcelle et de le déplacer régulièrement tous les 4-5 jours pour éviter tout risque d’accoutumance de la part des nuisibles. Car les oiseaux sont intelligents et s'accoutument à la menace dans le temps. De plus, il est possible d’en installer plusieurs sur une même parcelle (dépendamment de la surface) pour augmenter le champ d’action de ces systèmes.
Les canons à gaz consistent à créer une détonation sonore censée effrayer les ravageurs types pigeon ou corvidés. Le principe est de laisser s’échapper du gaz d'une bonbonne dans une chambre munie d’une soupape jusqu’à atteindre une certaine pression, puis de lâcher ce gaz et d’enflammer ce dernier grâce à une bougie d’allumage pour créer une détonation. D'où le nom de canons anti-oiseaux. La détonation à lieu dans un tube pour concentrer l’explosion et envoyer la détonation dans la direction voulue.
Afin que le canon effaroucheur soit le plus efficace possible, il faut :
En France il n’existe pas de réglementation concernant
l’utilisation de canons effaroucheurs mais ...
Des arrêtés préfectoraux ou municipaux peuvent être en vigueur pour en réglementer l’utilisation. De plus, les nuisances sonores émises par ces appareils sont réglementées par les dispositions du code de la santé publique. Notamment par les articles R. 1336-6 à R. 1336-9 qui prévoient des valeurs d'émergence pour les bruits liés à une activité professionnelle. Dans le cadre de toutes ces dispositions, le canon effaroucheur peut être équipé d’une horloge numérique afin de couper automatiquement le canon sur les périodes nocturnes (de 22h00 à 7h00).
Inconvénient de cette pratique pour lutter contre les corbeaux, le vol et la dégradation. Il est fréquent qu'un canon ou la bouteille de gaz soient dérobés.
Il est possible de réguler les populations de nuisibles en demandant aux chasseurs de tirer les corbeaux. Dans le cadre de dégâts sur une parcelle dus aux corbeaux, il faut alors demander une autorisation de tir. La période de chasse peut donc être allongée jusqu’au 31 juillet. Cela doit se faire par le biais d’une demande d’autorisation préfectorale individuelle qui est délivrée par la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer).
Cependant, préalablement à la demande de destruction à tir de corneilles ou corbeaux, il est impératif de mettre en place un système effarouchement. Attention le tir n’est autorisé que de jour avec des armes homologuées et déclarées. Le tir au nid est interdit tout comme l’utilisation d’appelants morts.
L’utilisation du faux semis peut aussi s’avérer très efficace dans la lutte contre les corbeaux. Le semis du maïs sous couvert de blé ou en même temps que le semis de blé peut être très efficace. En effet, le blé sert de plante-appât pour duper les corbeaux dans leur recherche de nourriture. Les jeunes pousses de blé intéressent tout autant les nuisibles, ce qui permet de protéger la vraie culture.
Cette technique est déjà utilisée chez de nombreux producteurs.
(Source: Réussir.fr/lait, P. Bougeard/Ceta 35)
De plus, le semis de maïs sous couvert peut aussi avoir d’autres caractéristiques agronomiques intéressantes comme la lutte contre d’autres ravageurs comme le taupin. Les larves de coléoptères s’attaquant aux racines, la plante appât permet donc d’absorber une partie des attaques de l’insecte.
Toutes ces moyens de lutte sont efficaces mais peuvent l'être encore plus combinés les unes aux autres. En effet, l'utilisation de canons ou encore de cages, n'empêche pas la mise en place d'effaroucheurs...
Au contraire, l'utilisation de plusieurs de ces outils en simultané est recommandé de manière à augmenter l'efficacité sur une même parcelle. En outre, chaque dispositif est placé à un endroit précis de la parcelle, ils ne couvrent donc pas toute la surface potentiellement visés par les corbeaux. Le champ d'action de votre système global de lutte contre les corvidés peut donc être amélioré grâce à la combinaison de plusieurs de ces outils.
Pour aller plus loin
Rémi de Spotifarm 🛰️