Tour de plaine

6 questions à se poser avant d’acheter du matériel agricole

Choisir un tracteur, un semoir une moissonneuse batteuse n'est pas un choix anodin pour une exploitation agricole. Il représente un investissement considérable et les coûts de mécanisation peuvent être colossaux pour les exploitations les plus équipées ! De plus, le choix du matériel conditionne la qualité des travaux aux champs, le débit de chantier et le confort de travail.

combine-harvester-2138997_1920 L'ensilage de maïs est un des chantiers les plus coûteux en matériel

SOMMAIRE

Matériel agricole : neuf ou occasion ?

C’est une des questions les plus courantes dans la réflexion précédant un acte d’achat aussi important. La principale différence entre le neuf et l'occasion étant bien évidemment le prix de la machine. Le matériel d'occasion décote également moins vite que du matériel agricole neuf. 

Il se vend 2x plus de tracteurs d'occasion que de neufs 

Un outil neuf a l’avantage de présenter un état d’usure nul et une garantie par le constructeur pour prévoir les éventuelles pannes ou défauts de la machine. Une machine neuve est aussi une assurance de fiabilité par rapport à de l’occasion.

En effet, la principale faiblesse de l’occasion est l’usure déjà avancée de l’outil (dépendamment du nombre d’heures, d’hectares et/ou d’années). Cette usure impactera surtout la fiabilité dans le temps de l’outil. De plus, sur une machine d’occasion, il est souvent difficile de connaître les conditions dans lesquelles elle a été utilisée et si l’entretien a été réalisé au bon moment, dans les règles de l’art ou même s’il a été fait !

Ces vérifications sont difficiles à faire et elles sont à l’appréciation de l’acheteur. Quelques conseils pour l’acheteur :

  • Bien lire l'annonce 
  • Demander les factures de réparations
  • Vérifier les factures d'achat des pièces d’usure
  • Se renseigner auprès du concessionnaire qui a vendu la machine
  • Préférer les machines de première main
  • Toujours essayer avant d'acheter

Néanmoins les machines d’occasion peuvent être tout à fait convenables, le prix étant moins élevé que du neuf, cela peut permettre à l’acquéreur de prendre une machine mieux équipée ou plus « grosse ». 

En dehors des considérations fiscales, une occasion récente est souvent le meilleur compromis.

tractor-3736830_1920 Les salons agricoles sont l'occasion de découvrir le matériel neuf

Où est le concessionnaire le plus proche ?

Eh oui, la proximité avec le concessionnaire est très importante. Lorsque votre machine nécessite une intervention de votre concessionnaire mécanicien ou que vous avez besoin d’une pièce, c’est souvent dans des délais très courts. Ainsi, lorsque votre concessionnaire est proche, il est plus facile pour vous de vous procurer la pièce ou de faire intervenir ce dernier.

Les pannes ne surviennent jamais au bon moment !

Cette condition est aussi importante que le choix de la marque de la machine ! Et c’est d’autant plus vrai avec des outils complexes comme des tracteurs, des moissonneuses batteuses, des pulvérisateurs… Ne négligez donc pas l’importance de ce paramètre, sinon vous risquez de le regretter amèrement !

Quels sont mes besoins en tracteur ?

C’est la partie la plus difficile lors de l’achat du matériel. De l’évaluation de vos besoins dépendra la rentabilité de l’investissement et surtout l’optimisation de l’utilisation de la machine.

Vos besoins doivent motiver l’investissement et pas l’inverse ! N’achetez pas un outil sans être sûr d’en avoir vraiment besoin ou de pouvoir le rentabiliser. Vous risqueriez de regretter votre achat ou pire, de devoir le revendre, et ce ne serait pas sans perte financière.

De plus, lors de l’achat de votre outil, veillez à être bien conseillé sur la réelle utilité des machines qui vous sont proposées : les commerciaux sont souvent de très bons conseillers agricoles (d’autant plus quand ils sont souvent eux-mêmes exploitants), mais n’oubliez pas : ils sont là pour vendre la machine  !

L’idéal est de détacher le conseil de la vente. Pour ça, rendez- vous chez d’autres agriculteurs utilisateurs de la machine que vous envisagez d’acheter et demandez leurs avis voire même une démonstration. Vous découvrirez alors précisément les capacités, les avantages et les faiblesses de l’engin. Cela vous aidera à affiner votre choix. Là aussi, pensez à bien choisir un propriétaire de machine objectif sur ses performances et éviter les "fans" de la marque, qui auront tendance à embellir la situation.

tractors-3571452_1920 Adapter la machine à votre besoin  permet de maîtriser ses coûts de mécanisation

En outre, le débit de chantier de la machine, sa puissance, sa largeur… sont des éléments essentiels à prendre en compte. N’acheter pas un tracteur trop puissant ou un déchaumeur trop large par rapport à vos réels besoins : ne cédez pas aux regards du voisin ou à la tentation !! Votre exploitation en souffrirait.

L’outil n’étant pas adapté, il vous pénalisera : un tracteur trop puissant abîme les outils, de même qu’un déchaumeur trop large sera très difficile à tirer. De surcroît, le bilan économique de l’opération sera négatif à coup sûr.

Ce raisonnement fonctionne bien sûr dans les deux sens, un outil trop petit ne serait pas envisageable non plus…

Pour vous aider dans votre choix, vous pouvez également faire appel à des conseillers spécialisés en agro-équipement. La prestation est payante mais ils ont une vision d'ensemble du marché et une étude prévisionnelle sur mesure vous coûtera moins chère qu'une mauvaise décision sur votre investissement.

Acheter seul, avec un voisin ou en CUMA ?

La réponse est souvent liée au prix de la machine et à l'utilisation que vous en ferez. Acheter du matériel à plusieurs est moins cher que de l’acheter tout seul. C’est une pratique très courante chez les agriculteurs, le plus souvent entre voisins. Notamment pour tout ce qui matériel de récolte.

Pour des machines dont l’utilisation est périodique et courte sur l’année, ce système est très intéressant d’autant plus lorsque le prix d’achat de ces machines est très élevé. Prenons l’exemple de la moissonneuse batteuse qui n'est utilisée qu'un mois dans l’année mais qui représente un investissement particulièrement important, son achat en commun peut être une très bonne affaire.

2 petits tracteurs dans 2 fermes coûtent plus cher qu’1 gros tracteur pour 2 fermes !

Cependant, un tel arrangement avec un tiers nécessite une excellente entente avec le co-acquéreur. Tout le monde aura besoin de la machine au même moment, tout le monde doit participer à l’entretien de la machine et le lieu de stockage de celle-ci doit être défini à l'avance pour éviter les conflits ultérieurs à l'achat.

Ce système de co-investissement est particulièrement intéressant financièrement mais plus le nombre d'actionnaires du matériel agricole est important, plus la gestion de l’outil est complexe…

PZ-0221-cumaLes CUMA sont un exemple d’arrangement entre plusieurs agriculteurs et d’achat en commun, et souvent, tout le matériel nécessaire à la production est mis en commun. Dans certains cas, même l'assolement est mutualisé pour optimiser encore les coûts de chantier.

Premier prix ou haut de gamme ?

Encore une question difficile ! D’abord, « premier prix » ne signifie pas toujours « mauvaise qualité » et « haut de gamme » pas toujours « fiabilité sans faille » ! On appelle souvent "matériel d'entrée de gamme", les produits les plus simples et les moins équipés. Ils sont alors généralement moins chers et constituent donc les « premiers prix » proposés mais ne sont pas systématiquement moins fiables, moins robustes et moins bien qu’un produit haut de gamme. Et c’est parfois le contraire !!

Plus il y a d’équipements, plus il y a de sources de problèmes potentiels

Encore une fois, c’est une question de besoin mais aussi de désir ! Il existe bien souvent de nombreuses options disponibles chez le constructeur et c’est souvent elles qui font gonfler le prix de la machine. Il est donc absolument nécessaire de savoir estimer ses besoins mais aussi ses capacités financières. Il ne faut pas se laisser trop séduire par ces possibilités mais au contraire il ne faut surtout pas les négliger. Elles vous permettent d’améliorer les capacités de l’outil mais aussi votre confort de travail. Et vu que vous allez passer plusieurs heures sur la machine, il ne faut pas négliger les options qui permettent de réduire la fatigue ou préserver sa santé. Et l'agriculture étant un métier de passion, n'oubliez pas de vous faire plaisir si vous le pouvez !

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Et la prestation dans tout ça? 

Lorsque l’on a un besoin en matériel pour exécuter une tâche, tout le monde pense d’abord à l’achat de l’équipement. Mais ne serait-il pas plus judicieux de faire appel à une ETA ? C’est une question que l’on ne se pose pas suffisamment. Lorsque la surface de l’exploitation ne permet pas de rentabiliser l'outil, il est souvent préférable de faire appel à un prestataire.

Les avantages d’une telle pratique ne sont pas uniquement économiques : vous gagnez aussi en confort de travail (vous n’avez plus à réaliser la tâche) et en qualité de travail (le prestataire est en général mieux équipé que vous ne le seriez).

En contrepartie, vous devez accepter une certaine souplesse dans les interventions. Le prestataire ne viendra peut-être pas exactement au moment souhaité. A vous de bien choisir votre entrepreneur de travaux agricoles, et d’être persuasif et conciliant avec lui. De plus, le choix de l'ETA est important, il vaut mieux que vous vous entendiez bien avec lui et surtout que son matériel soit entretenu et adapté sinon la qualité de sa prestation pourrait vous décevoir…

Quelques conseils avant d’investir dans du matériel agricole !

  • S’assurer de la disponibilité des pièces
  • Choisir un concessionnaire à proximité de chez vous
  • Faites des comparatifs
  • Demander au minimum 3 devis
  • Bien estimer ses besoins voire faire une étude prévisionnelle
  • Se renseigner auprès d'utilisateurs : voisins, forums, presse, réseaux sociaux
  • Vérifiez ses capacités financières : aller voir sa banque et son comptable avant d'investir
  • S’assurer de la pertinence de l’investissement en comparant avec la prestation
  • Penser à l’achat en commun ou en CUMA
  • Penser à l’occasion

Pour en savoir plus…

Alexandre de Spotifarm 🛰️

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