Les doubles cultures, ou cultures dérobées, sont beaucoup pratiquées par les éleveurs désireux de devenir plus autonomes sur leur fourrage. Mais, il existe la possibilité d’implanter une seconde culture, après la culture principale de la rotation, et de la valoriser à la vente. L’objectif est d’augmenter la productivité de la parcelle et ainsi de maximiser les revenus !
Les doubles cultures consistent à cultiver, sur une même parcelle, deux cultures différentes la même année afin de faire deux récoltes et donc d’augmenter les revenus.
La culture dérobée est insérée entre deux cultures principales de la rotation et se différencie d’une culture intermédiaire par le fait qu’elle est valorisée (vente ou autoconsommation).
En effet, la double culture (ou la culture dérobée) permet d’optimiser la surface et ainsi de réaliser plusieurs récoltes sur une même parcelle.
La première culture doit être récoltée le plus tôt possible pour laisser le temps à la seconde de se développer et surtout d’atteindre sa maturité suffisamment tôt.
La récolte de la deuxième culture est aussi un point clé puisqu'elle aura lieu courant septembre-octobre selon l'espèce cultivée. Il faut donc pouvoir atteindre un stade de maturité et d’humidité des grains suffisant. En effet, en automne, il est difficile d’atteindre des taux d’humidité bas. Cela est d’autant plus vrai dans les régions du Nord de la France !
Les sommes de températures peuvent vous aider à vous décider. Une plante à besoin d’une certaine somme de températures depuis son semis pour atteindre sa maturité. Il faut compter 1350 °C pour un tournesol et 1420 °C pour un soja, base 6 °C.
En outre, la présence de l’irrigation sur les parcelles concernées par une double récolte est souvent indispensable : les périodes de semis des cultures secondaires se situent en plein été (juin voire juillet) donc les pluies sont rares surtout dans les régions du sud. Sans l’irrigation, la levée de la seconde culture risque d’être retardée, ce qui retardera obligatoirement la date de récolte et impactera les rendements.
La pratique de la double récolte est un peu une course contre la montre, dès l’implantation de la première culture, il faut être dans les temps pour ne pas prendre de retard sous peine de pénaliser le rendement et la qualité de la seconde récolte.
Des OADs sont ainsi disponibles pour suivre l’évolution des cultures de manière précise et efficace, Spotifarm – le tour de plaine est l’une d’entre elles.
De plus, le climat de la région dans laquelle votre exploitation se trouve conditionne énormément la réussite d’une telle pratique. Bien que chaque région aie ses propres avantages et inconvénients :
Les cultures favorables à la double récolte sont les cultures de printemps aux cycles courts comme :
La double culture s'applique aux récoltes en grains ou en fourrages. Les cultures précédemment citées sont tout à fait compatibles avec la production de fourrage en seconde culture (sauf pour les petits-pois et les haricots : économiquement pas intéressants).
En effet, il est possible de réaliser une double récolte sur une même parcelle après les pois. En Bretagne, les pois les plus précoces sont souvent suivis d’une seconde culture (haricot, épinard, brocoli, ray-grass, navet…) ; cela est moins systématique en Nord-Picardie. En revanche, dans le sud-ouest, le pois y est systématiquement suivi d’une seconde culture (haricot, maïs doux, brocoli…).
Cette technique permet d’augmenter les revenus sur les parcelles concernées, mais les charges sont aussi plus élevées. Cependant, en grandes cultures, les agriculteurs cultivent ce genre de légumes avec des contrats industriels. Il est donc parfois difficile d’obtenir les contrats pour les 2 cultures sur une même parcelle et une même année.
Les impacts de la double culture sont divers et variés et ils sont plutôt nombreux ! Tant sur le plan environnemental qu’économique et social, la double récolte implique une réelle réflexion sur l’avenir et la pérennité du système de culture, de la rotation et de l’assolement.
La double culture peut avoir un impact important sur la réserve utile en eau du sol lors des années sèches. La deuxième culture risque de pomper l’eau restante et assécher le sol. Néanmoins, cela peut être un avantage dans des sols hydromorphes, la culture dérobée permet ainsi de consommer l’eau en excès et de rendre le sol plus praticable au printemps.
L’implantation d’une culture dérobée augmente aussi la consommation d’énergie fossile comme du carburant pour les machines agricoles ou pour le séchage du grain par exemple.
La présence d’un couvert végétal sur la parcelle permet néanmoins de limiter le transfert de polluants d’une culture à l’autre, mais la culture dérobée peut tout de même demander des applications de produits phytosanitaires comme des herbicides pour limiter les repousses du précédent…
Découvrez ici le témoignage d'un pratiquant de la culture dérobée :
Sur le plan agronomique, la productivité de votre parcelle concernée est nettement augmentée puisque vous faites deux récoltes. Cependant, les rendements de la deuxième récolte sont beaucoup moins importants du fait du cycle court. De même que les rendements de la culture principale peuvent être diminués avec le choix de variétés plus précoces.
Malgré tout, la fertilité et la structure du sol peuvent être rapidement dégradées avec ce type de pratique : l’enchaînement des cultures choisies, la fertilisation et le travail du sol sont des éléments essentiels à prendre en compte. De même que le stress hydrique des plantes peut être vite atteint comme vu précédemment.
En outre, pour certaines cultures dérobées, comme le tournesol, l’irrigation est indispensable (surtout dans les régions du Sud de la France) et le séchage des grains après récolte peut être nécessaire lorsque la période de récolte est tardive ou la météo difficile.
Du côté économique, les marges à l’hectare sont naturellement augmentées. Attention néanmoins, ces marges sont très dépendantes du contexte de prix de vente et d’achat des intrants, et la charge de travail sur ce type de système est nettement accentuée !
De plus, il ne faut pas oublier ou négliger l’augmentation inévitable des charges opérationnelles et des charges de mécanisation : le travail du sol, le semis, la récolte voire même l’irrigation et le séchage des grains entraîne de fortes charges qu’il faut pouvoir avancer.
L’insertion d’une culture dérobée a aussi un impact social : le temps et la charge de travail sont augmentés très largement. La culture dérobée nécessite aussi un suivi de culture, et dans le cas des cultures irriguées, ces critères sont à prendre en compte très sérieusement. C’est un poids supplémentaire à prendre en charge en plus des travaux et chantiers du moment.
Ainsi, comme on peut le constater, une culture dérobée a de nombreux avantages mais ces derniers peuvent aussi apporter des inconvénients non négligeables.
Pour en savoir plus…Rémi de Spotifarm 🛰️