Tour de plaine

Gel hivernal : quels sont les risques pour les céréales à paille ?

Rédigé par Alexandre de Spotifarm | 20 janv. 2021 17:30:00

Si les céréales ne sont pas toutes égales face au risque de gel, il est important de choisir des variétés adaptées à ses conditions climatiques pour éviter les dégâts liés au gel. L'endurcissement est à prendre en compte pour limiter l'impact du gel hivernal sur les rendements du blé ou de l'orge. Et quelques précautions sont à prendre pour diagnostiquer les dégâts et favoriser la reprise de la culture au tallage et à la montaison.

Gelées matinales, des conséquences qui peuvent être graves sur les cultures

Quelles sont les variétés résistantes au gel ?

Une orge de printemps semée à l’automne présentera plus de risques liés au gel qu’un escourgeon ou un blé tendre. Toutes les céréales ne sont donc pas sensibles au gel de la même manière. Les différences de sensibilité peuvent être fortes selon l’espèce.

Seuil de résistance au froid selon les cultures (Source Arvalis)

Le choix de la variété est également important. Certaines variétés de céréales résistent mieux aux températures basses car leur capacité d’endurcissement est plus forte. C’est ce qu’on appelle l’alternativité de la variété.

Jusqu’au tallage, un blé est assez résistant au froid. Peu de dégâts à craindre jusqu’à - 12 à - 15°C.

Au stade épi 1 cm, le seuil dégât d’un blé se situe aux alentours de -4°C.

A la montaison, et notamment durant la méiose, phase plus sensible au froid, le seuil d’alerte est généralement aux alentours de 4°C .

Seuils d’alerte vis-à-vis des accidents climatiques en fonction des stades (source Arvalis)

Céréales : comment reconnaître  les dégâts liés au gel ?

Il existe 4 types de dégâts dus à un coup de froid sur les céréales à paille :

  1. La destruction totale de l’épi
    Avant ou autour du stade 2 nœuds, un épisode de gel va entrainer la nécrose de l’épi et le dépérissement complet du pied.

  2. La destruction des épillets
    Après le stade 2 nœuds, les dégâts de gel vont se limiter à une destruction partielle de l’épi et à quelques épillets. Les épillets restant pourront compenser la perte de rendement en continuant leur développement.

  3. Les dégâts foliaires :
    On peut observer des nécroses à l’extrémité des feuilles en cas de températures négatives. De la simple défoliation à la perte de quelques talles selon le degré de gravité. Mais rien d’inquiétant si l’impact se limite aux feuillages.

  4. L’altération de la méiose
    Les températures en dessous de 0°C à la floraison peuvent entraîner des problèmes de stérilité, et diminuer le rendement.

L’observation des dégâts de gel est difficile à réaliser en raison de l’hétérogénéité des conditions au sein d’une même parcelle (relief, courants d’air, sol plus ou moins hydromorphe, présence de haies brise-vent) et de la variabilité des céréales d’un plant à l’autre.

Il est souvent conseillé d’observer une zone représentative de la parcelle, et de choisir un minimum de 5 plantes au hasard.

Mais l’observation des dégâts est difficile tant que les conditions de reprise de la végétation ne sont pas là.

Gel sur céréales : quels sont les facteurs aggravants ?

La présence d’eau est le facteur aggravant principal en cas de dégâts de gel sur les parcelles de céréales.

  • Soit en raison d’un manque d’eau. La chute des températures peut être plus rapide et plus forte en cas de stress hydrique de la plante.
  • Soit en raison d’un excès d’eau, qui rendra les plantes plus rapidement gélives (phénomène de gelées blanches), ou pourra entraîner le déchaussement des racines si le sol prend en masse.

Autre facteur qui peut augmenter le risque: la période de l’épisode de gel.

En effet, en cas de gel précoce ou tardif, les conséquences peuvent être plus néfastes sur le développement d’un blé ou d’une orge.

La vitesse d’abaissement de la température doit être également prise en compte. Plus la chute de température est brutale, plus la plante souffre.

Evidemment, la répétition d’épisodes de gels successifs dans la campagne engendre des dégâts plus importants aux céréales.


Comment limiter les effets du gel ?

Pour limiter les effets du gel dans vos parcelles de céréales, il est conseillé d’adapter votre choix variétal et les dates de semis à vos conditions pédoclimatiques.

En effet, si les céréales ont une bonne capacité de rattrapage lors du tallage et à la montaison, les pertes de rendements liées à un dégât de gel peuvent être plus ou moins importantes.

Tout dépend du cumul d’épisodes de gel ou du moment où le gel est intervenu sur vos parcelles.

En sortie d’hiver, pour faciliter la reprise de la culture, il est conseillé un apport d’azote en petite quantité. Ces conditions favorisent les plantes qui auront souffert.

En revanche, évitez un traitement herbicide qui apporterait un stress supplémentaire et pourrait être fatal au redémarrage de la culture.

Pour en savoir plus :

  • Gérer le risque de gel des céréales en sortie d'hiver, sur le site de LG Seeds
  • L'endurcissement détermine la tolérance au gel (Arvalis)

Alexandre de Spotifarm 🛰️