Les agriculteurs peuvent réaliser une économie allant jusqu'à 80 €/ha en optant pour des semences fermières par rapport à des semences certifiées, d’après Philippe Ribault, président de la Coordination Nationale pour la Défense des Semences Fermières (CNDSF),
La production de semences fermières apporte une économie de l’ordre de 30 % pour les céréales et jusqu'à 60% en colza, pois ou fèves comparativement à l'achat de semences certifiées. Cela explique que la production de semences sur l'exploitation soit une pratique de plus en plus courante chez les agriculteurs.
Pour une ferme type de 50 ha de blé, 20 ha de colza et 20 ha de pois, l’économie réalisée avec la semence fermière est de 2870€.
Entre 2002 et 2005, la moyenne de l’économie réalisée par l’ensemble des exploitations françaises était de 60 millions d’euros d’après la Coordination Nationale pour la Défense des Semences Fermières (CNDSF).
Une semence certifiée coûte entre 60 et 70 €/quintal alors qu'une semence de ferme coûte :
Semence de ferme | Coût |
Graine reprise du stock | 15 €/quintal |
Cotisation recherche et innovation variétale (CRIV) | 5 €/quintal |
Coût du triage de blé (tri et traitement des céréales, ensachage ...) | 12 €/quintal |
TOTAL | 32 €/quintal |
La semence de ferme permet donc une économie d'environ 45 à 50 €/ha avec un blé semé à 150 Kg/ha.
Depuis l’année 2016 et ses rendements catastrophiques, la semence fermière s’est imposée chez beaucoup de producteurs désireux de diminuer leurs charges. Ainsi, en 2018, 60% des surfaces de blé française sont semées avec des semences produites à la ferme.
La production de semences de ferme permet la création de nombreux emplois ruraux sur les stations de triage de la semence (chef de station de triage, assistant trieur …).
De plus, cette pratique séduit de nombreux jeunes producteurs. Elle est utilisée par 56% des agriculteurs de moins de 35 ans.
Aujourd'hui, la production de semence de ferme évite de nombreux transports de semences. Une semence commerciale peut traverser plusieurs fois le pays entre sa récolte et sa livraison chez le client final. De fait, pour une semence de ferme, la traçabilité est assurée, des économies d’énergie et une limitation d’émissions de gaz à effet de serre sont constatées : le bilan carbone est donc nettement meilleur. De plus, la quantité triée est adaptée aux besoins, donc aucun déchet n’est produit.
Intérêts | Critères |
Economique | - Réduction des coûts de production - Choix du traitement de semences - Éviter les positions de monopole |
Environnementaux | - Réduction du transport - Traitement des semences adapté - Aucun déchet - Traçabilité garantie - Mélange de variétés possible |
Sociaux | - Aménagement du territoire - Rend l’agriculteur acteur plus que consommateur - Sécurité d’approvisionnement - Création d’emploi local |
La production de semences fermières est soumise à certaines règles. Les variétés découvertes ou développées par un sélectionneur et leur dénomination sont protégées de la copie par le Certificat d’Obtention Végétal (COV).
La production de semence fermière est possible pour 33 variétés sous COV sans autorisation de l’obtenteur. En revanche, il est interdit de ressemer des variétés hybrides : la loi de 2011 a légalisé la semence de ferme mais a laissé le monopole sur les hybrides.
La condition de production de semence fermière pour ces 33 variétés est qu’il y ait une rémunération à l’obtenteur titulaire du COV à hauteur de 0,70 €/tonne : c’est la Cotisation Volontaire Obligatoire (CVO) ou plus récemment la Cotisation recherche et innovation variétale (CRIV). Dans les cas où cette rémunération n’est pas versée, la semence sera considérée comme de la contrefaçon.
De plus, la commercialisation et l’échange de semence de ferme sont soumis aux règlements techniques du ministère de l’Agriculture relatifs à la production de semences et d’autre part aux arrêtés de commercialisation. Seules certaines espèces certifiées peuvent être commercialisées en semences de ferme. Pour les connaitre, il faut se reporter aux arrêtés de commercialisation des différentes catégories de semence.
Le triage doit être réalisé par un organisme agréé et avec des produits phytosanitaires autorisés. Lors d’un éventuel contrôle, l’agriculteur est tenu de fournir les informations liées au triage de la semence:
Plusieurs entreprises proposent le triage de céréales à façon. Le prix du triage varie selon le type de semence, le conditionnement, le type de traitement, les quantités triées etc. Vous pouvez trouver les coordonnées d'une station de triage proche de chez vous sur ce site
Attention toutefois aussi à ne pas confondre la semence de ferme et la semence paysanne :
Pour en savoir plus...
Rémi de Spotifarm 🛰️