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Les émissions de GES issues de l'agriculture sont de 19% en France, réparties de la manière suivante :
Stockage et consommation de carbone en agriculture (source : CNIEL)
Si d'après le Haut Conseil pour le Climat, entre 1990 et 2020, le secteur agricole a diminué ses émissions de GES de 8%, l’Etat Français s’est emparé du dossier dans le cadre du Green Deal et a lancé fin 2019 le Label Bas Carbone via le Ministère de l’Ecologie.
En parallèle, dans le cadre du plan France Relance, d’avril 2021, le Ministère de l’Agriculture a débloqué 10 Millions d’Euros pour que les Jeunes Agriculteurs puissent réaliser un diagnostic carbone de leur exploitation.
Enfin, depuis 2019, les industriels des filières du Biodiesel ont lancé la certification « Cultures Bas Gaz à Effet de Serre (Bas GES) ».
Le label Bas Carbone est le premier outil de certification climatique en France.
Son objectif est de mettre en relation des financeurs (entreprises considérées comme polluantes ayant besoin d’acheter des crédits carbone), et des acteurs locaux voulant réduire leurs émissions de Gaz à Effet de Serre par l’évolution de leurs pratiques.
Un crédit carbone correspond à une tonne de CO2 atmosphérique émise en moins ou stockée en plus dans le sol.
Pour le calculer, le porteur de projets réalise un diagnostic carbone, puis évalue les réductions des émissions possibles au bout de 5 ans, selon l’évolution de ses pratiques qu’il souhaite mettre en place. Le projet est ensuite labellisé, avec l’estimation des crédits carbone qui seront créés sur 5 ans.
La compensation carbone est donc basée sur la différence d’émissions de GES entre l’audit final au bout des 5 ans, réalisé par un organisme indépendant, et le diagnostic de départ. Cette différence sera d’autant plus importante si les pratiques évoluent drastiquement.
Il existe aujourd’hui 6 méthodes certifiées par le ministère de l’écologie pour le label Bas carbone : 3 pour le secteur forestier et 3 pour le milieu agricole.
Les 3 méthodes forestières sont les suivantes :
Les 3 méthodes agricoles certifiées ont été portées par des interprofessions :
D’autres vont arriver en viticulture, en élevage de porc ou autour de la méthanisation. Les agriculteurs doivent donc choisir la méthode qui correspond le mieux à leur exploitation.
Selon la méthode qui l’intéresse, l’agriculteur peut être accompagné par différents acteurs :
D’autres acteurs spécialisés dans la compensation carbone peuvent aussi aider les agriculteurs à la labellisation Bas Carbone. Les agriculteurs peuvent rapprocher de startups comme Rize, qui recherchent des agriculteurs pour monter des projets de labellisation bas carbone, en leur proposant tout l’accompagnement administratif (création de dossier, recherche de financements…).
En attendant la méthode approuvée en « grandes cultures », qui devrait être bientôt certifiée, les agriculteurs peuvent être accompagnés par une startup comme SoilCapital, qui n’utilise pas les mêmes méthodes de calculs que le Label Bas Carbone, mais qui arrive déjà à valoriser les crédits Carbone créés par les agriculteurs grâce à des partenariats avec des entreprises internationales comme Cargill, Danone ou Kellogg's par exemple.
Pour réaliser le diagnostic carbone de son exploitation, un agriculteur doit se rapprocher du porteur de projet qui lui fournira les outils informatiques nécessaires au calcul. On peut citer l’outil Cap2’er développé par la FCAA ou les outils EGES et GESTIM adaptés à la méthode grandes cultures.
Ce diagnostic s’appuiera sur les pratiques actuelles de l’exploitation, en se basant notamment sur les informations de traçabilité contenues dans son outil de gestion de parcelles.
La génération de crédits carbone passe principalement par l’amélioration des pratiques agricoles. Il faut donc que les agriculteurs réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre ou compensent leur émission de dioxyde en créant des puits de carbone (couverts, prairies… )
Pour créer le plus de crédits carbone en grandes cultures, l’agriculteur peut utiliser plusieurs leviers :
Le passage en agriculture biologique peut aussi permettre de créer plus de Crédits carbone.
Pour générer des crédits Carbone, un éleveur a plusieurs leviers techniques pour :
J’ai déjà des pratiques vertueuses 👼
Pour tous les agriculteurs ayant amélioré leurs pratiques depuis plusieurs années qui auront plus de mal à créer des Crédits carbone, la méthode « grandes cultures » leur permettra de se baser sur un référentiel régional, et de bénéficier des crédits Carbone si le diagnostic de l’exploitation démontre que leurs émissions de GES et leur stockage de carbone sont bien en dessous de la moyenne régionale.
Cela permettra aux agriculteurs ayant arrêté le labour, développé les cultures associées ou privilégié le semis direct depuis des années d’être récompensés pour leurs efforts.
Les financeurs sont des entreprises devant compenser leurs émissions de GES, afin de soutenir la neutralité carbone imposée aux Etats signataires du protocole de Kyoto. Pour ce qui est du financement des projets, il y a 2 options:
Si une entreprise souhaite soutenir un projet, elle dispose du nombre de Crédits Carbone qu’elle pourra récupérer en théorie au bout des 5 ans. Elle peut donc en financer une partie pour commencer à communiquer sur le sujet, mais elle ne bénéficiera des crédits qu’au terme de l’audit final du projet, au bout des 5 ans.
L’entreprise qui finance doit être trouvée avant cet audit final, afin que les Crédits lui soient accordés dès la fin du projet.
Au niveau international, une tonne de carbone se négocie autour de 10€. En France, on parle de 40€ la tonne en moyenne.
On estime qu’un agriculteur qui améliorera ses pratiques en suivant la méthode grandes cultures pourra récupérer 1 tonne de carbone par hectare en 5 ans, ce qui lui engendrerai un revenu direct moyen de 8€/ha/an pendant 5 ans, soit 800€/an pour une ferme de 100ha.
En élevage, la FCAA a estimé que les éleveurs participant aux premiers projets labellisés pourront récupérer entre 25 à 60 tonnes de Carbone par an, soit un revenu compris entre 1000 et 2500€ par an pour l'éleveur.
S’il n’existe aucune subvention directe pour aider les agriculteurs dans leurs projets de labellisation, certains peuvent s’appuyer sur le "bon diagnostic carbone".
Le bon diagnostic Carbone a été mis en place en avril 2021 dans le cadre du plan France Relance. Le ministère de l’agriculture a débloqué 10 Millions d’euros pour aider les agriculteurs installés depuis moins de 5 ans à se lancer sur les sujets du Carbone.
En effet, ces « bons diagnostics Carbone » financent 90% du diagnostic Carbone d’une exploitation, l’agriculteur ne devant payer plus que 200€ pour ce diagnostic, qui peut être utilisé comme diagnostic de départ dans la méthodologie du Label Bas Carbone.
Pour avoir accès à ce diagnostic, les agriculteurs doivent se rapprocher des structures agréées pour réaliser ces diagnostics. La liste est disponible sur le site du Ministère de l'Agriculture.
On retrouve dans cette liste de nombreux acteurs du monde agricole, comme des coopératives, des CERFRANCE ou des chambres d’agriculture.
Pour générer des crédits carbone, un agriculteur doit donc faire évoluer ses pratiques. Une évolution des pratiques peut engendrer une perte de revenus due à :
En parallèle, l’agriculteur peut aussi réduire ses charges grâce notamment à :
Il faut donc que l’agriculteur prenne ces paramètres en compte lorsqu’il souhaite se lancer dans la démarche du label bas carbone, pour ne pas que cette démarche ne lui coûte plus d’argent qu’elle ne lui en apporte.
Pour en savoir plus :
Alexandre de Spotifarm 🛰️