Le guide des ravageurs d’automne du colza
16 oct. 2020 07:30:00
Sensible aux ravageurs comme les altises, le charançon et les méligèthes, le colza peut subir d'importants dégâts. Vos tours de plaine doivent permettre de repérer ces ravageurs tout au long du cycle de croissance de la culture.
A l'automne, les jeunes plantes sont particulièrement sensibles à certains insectes. Ce guide recense les 7 principaux ravageurs d'automne du colza, et les clés pour les repérer à temps et limiter leur impact sur vos parcelles grâce à des interventions préventives et/ou curatives
SOMMAIRE
- En synthèse : les 7 principaux ravageurs d'automne du colza
- Quand traiter les grosses altises du colza ?
- Comment obtenir un colza sans limaces ?
- Les charançons du bourgeon terminal sont-ils nuisibles ?
- Larves d'altises d'hiver : surveiller tous les colza sans distinction
- La tenthrède, des attaques rares mais éclair
- Pucerons et viroses : des pertes de rendement de 5 à 8 q/ha
- Mouche du chou : aucun traitement chimique à ce jour
Les 7 principaux ravageurs d’automne du colza
1. Les altises (grosses et petites)
- Période de risque : de la levée au stade 3-4 feuilles inclus
- Observation : au crépuscule, ou mieux, dans l'obscurité si les altises sont actives
- Seuil d'intervention : fixé à 3 pieds sur 10 mordus
En savoir plus sur les altises
2. Les larves de grosses altises
- Période de risque : du stade 5-6 feuilles jusqu’à la reprise de végétation.
- Observation : dissection longitudinale des pétioles et du cœur des plantes.
- Seuil d'intervention : 7 pieds / 10 avec des larves dans les pétioles des feuilles.
En savoir plus sur les larves de grosses altises
3. Le charançon du bourgeon terminal (larves)
- Période de risque : du stade 3 feuilles jusqu’à la reprise de la végétation
- Observation : piégeage d’adultes dans les cuvettes jaunes de fin septembre à l’entrée de l’hiver et suivi attentif du BSV.
- Seuil d'intervention : 8 à 10 jours après les 1ères captures d'adultes
En savoir plus sur le charançon bourgeon terminal
4. Les limaces
- Période à risque : du semis au stade 3 à 4 feuilles (pose de pièges recommandée).
- Observation : à l'œil nu en conditions humides ou avec un kit de piégeage
- Seuil d'intervention : 1 limace/m²
En savoir plus sur les limaces
5 . La tenthrède de la rave ou fausse chenille (larves)
- Période à risque : de la levée (B2 au stade 6 feuilles (B6)
- Observation : visuelle au champ
- Seuil d'intervention : plus d'un quart de la surface végétative consommée
En savoir plus sur le tenthrède
6. Les pucerons verts et cendrés (viroses)
- Période à risque : de la levée jusqu’au stade 6 feuilles.
- Observation : 3 placettes d’observation sur 20 plantes.
- Seuil d’intervention : présence de pucerons sur 2 pieds sur 10.
En savoir plus sur les pucerons
7. La mouche du chou (larves)
- Période à risque : Première feuille étalée jusqu'au stade B5
- Observation : diagnostic de l’état des pivots
- Seuil d’intervention :
En savoir plus sur la mouche du chou
Quand traiter les grosses altises du colza ?
On considère qu’au-delà de 25% de destruction de la surface foliaire du colza ou 80% des pieds avec des morsures, il est nécessaire d’intervenir sur une parcelle.
Le colza est sensible aux altises de la levée au stade au stade 3-4 feuilles inclus. Après ce stade, la plante tolère les prélèvements foliaires, c’est donc durant ces premiers stades que la surveillance des parcelles de colza est la plus importante pour la grosse altise.
Plusieurs moyens de lutte préventive existent pour éviter les dégâts de grosse altise à l'automne :
- Semer tôt pour obtenir un colza au stade le plus avancé possible au moment du pic d’attaque du ravageur. Ainsi le colza sera moins sensible aux prélèvements foliaires.
- De même, le semis de colza en association perturbera les altises.
- Tout comme la destruction tardive des repousses de colza dans les parcelles voisines empêchera les altises potentiellement présentes de migrer vers la parcelle de colza nouvellement implantée.
En cas de prolifération trop importante, la lutte chimique doit être envisagée avec l’application d’un insecticide comme le BORAVI WG à 1,5Kg/ha (avec un volume de bouillie de minimum 150 à 200 l/ha) dans une eau à un pH de 5,5. Cela peut être effectué quand les conditions de traitement sont bonnes, notamment en début de soirée au moment où les altises adultes sont actives. Attention cependant, la loi n’autorise que 2 applications avec 7 jours d’intervalle.
Surveiller la présence de grosses altises
Les dégâts sur le colza par l’altise adulte se caractérisent par des morsures formant de petits trous ou des manques foliaires. Présente à partir de septembre dans les parcelles de colza, la grosse altise va manger les feuilles des jeunes plants de colza pour se nourrir. Elle cause des ravages importants dès les premiers stades de la plante, entamant ainsi le potentiel de rendement de la parcelle infestée.
L’altise d’hiver adulte est assez facile à reconnaître. C'est un coléoptère de 3 à 5mm de longueur, qui, comme la plupart des espèces d'altises, est de couleur bleu-noir brillant avec les pattes et les antennes rousses. Cet insecte ravageur apparaît à la fin du printemps mais reste inactif tout l’été en se cachant de la chaleur dans les haies et les broussailles. Mais ce sont surtout ses larves, en se développant dans les pétioles et les tiges, qui sont les plus nuisibles pour la culture.
Comment obtenir un colza sans limaces ?
Les conditions de semis déterminent en grande partie la présence des limaces. Pour prévenir l’apparition de la limace du colza, un travail du sol (labour ou déchaumage) avant le semis en conditions sèches est indispensable.
Pour détruire les résidus de cultures du précédent, l’idéal est de travailler le sol le plus tôt possible après la récolte.
Un lit de semences trop humide et motteux avec des résidus de cultures est très favorable à la présence de limaces et à leur multiplication.
Pour le semis du colza, privilégiez un lit de semence avec une terre fine, non motteuse, sans fissures et avec peu ou pas de résidus du précédent cultural. La graine de colza doit être bien enfouie. Dans les sols argileux, il peut être très utile de rouler afin de casser les dernières mottes. Retrouvez notre article sur l’implantation du colza sur le blog.
Les limaces sont très nuisibles au colza pendant la période post-semis jusqu’au stade 3-4 feuilles. Particulièrement attirée par les jeunes feuilles, la limace se positionne sur les jeunes plantules et mange petit à petit les premières feuilles du colza causant des dégâts très préjudiciables pour le rendement potentiel de la parcelle.
Suivi des observations en tour de plaine sur Spotifarm
Afin de connaître l’état de la population de limace sur votre parcelle, il est nécessaire de réaliser des tours de plaine pour surveiller le colza par :
- Une observation directe de l'activité des limaces sur la parcelle. Regardez sur les feuilles des plantules ou soulevez les mottes humides avant la levée complète du jour,
- Un piégeage, en plaçant un abri (planche, coupole plastique…) sur la surface du sol ou un piège à limaces
En cas de population trop importante du ravageur, par exemple à la suite de précipitations, il est possible d’appliquer un anti-limaces afin de permettre à la culture de se développer sans prendre de retard.
La limace peut manger le colza dès la levée voir même sous terre à la germination
— David Forge (@d_forge) August 20, 2020
J’observe des morsures dans un contexte favorable aux attaques par l’humidité de petites pluies et un sol pailleux
Je positionne 2kg/ha d’un produit de bio contrôle à base de phosphate ferrique pic.twitter.com/EyyCRB71qj
Les charançons du bourgeon terminal sont-ils nuisibles ?
Non, les charançons du bourgeon terminal (CBT) ne sont pas nuisibles directement. Mais leurs larves peuvent l'être.
Après avoir passé l’été à l’abri, les charançons du bourgeon terminal ressortent à l’automne pour coloniser les parcelles de colza et pondre leurs larves dans les plantules. Celles-ci mangent les plantules de l’intérieur et détruisent progressivement la culture, surtout si le bourgeon terminal est atteint (d’où son nom).
La période de surveillance de ce ravageur se situe entre fin Septembre et fin Novembre mais la période de sensibilité est du stade 3 feuilles (B3) à la reprise de la végétation.
#Colza, Observation de zones dans la parcelle, où les pieds disparaissent ,suite aux dégâts liés aux larves de Charançon du Bourgeon Terminal. Flacy (89). pic.twitter.com/9NNgFqOzG3
— Jean Noel Herrgott (@jnherrgott) April 10, 2018
Pour évaluer le niveau de pression du charançon du bourgeon terminal, il faut combiner risque agronomique et risque ravageur. Pour cela des grilles d’évaluation sont disponibles à la fin de cet article. De plus, il est possible de mettre en place des pièges (cuvettes jaunes) afin d’évaluer la population de charançons.
Il n'existe aucun produit applicable pour lutter directement sur les larves du charançon (elles se trouvent à l’intérieur de la plante). Il est possible d’intervenir chimiquement sur les charançons adultes en cas de forte attaque (BORAVI WG à 1,5 Kg/ha). Cette intervention doit être réalisée 8 à 10 jours après les premières captures.
Avec la disparition des insecticides de traitements de semences, comme pour l'altise, il est important d'utiliser des moyens agronomiques pour lutter contre ce coléoptère et faire baisser la pression. Comme par exemple réussir l'implantation du colza pour favoriser un développement régulier et homogène de la culture.
Larves d'altises d'hiver : surveiller tous les colza sans distinction
Comme pour le charançon, la nuisibilité des larves de grosses altises est moindre sur des colzas développés et poussants à l’automne. Toutefois , les colzas n'ayant pas subi de dégâts de morsures significatifs ne seront pas pour autant épargnés de la présence de larves. Il convient donc de surveiller tous les colzas sans distinction de croissance (gros et petits colzas) ou de dommages causés par des altises adultes, ou de traitements insecticides réalisés fin septembre/début octobre afin d'anticiper une possible attaque larvaire.
Repérer la présence de larves dans le colza
Les larves d’altises ont une tête noire et un corps clair ainsi que 3 paires de pattes à l’avant. Il faut surveiller leur présence du stade B6 (six feuilles) jusqu'au décollement de la tige (C2).
Les pontes commencent fin septembre dans le sol puis peuvent s’effectuer tout l’hiver tant que la température ne passe pas au-dessous de 0°C. Contrairement au charançon, la larve d’altise d’hiver se déplace de la tige de la plante aux pétioles des feuilles, ce qui la rend sensible aux produits phytosanitaires.
Un traitement insecticide doit cependant être raisonné et justifié par une forte pression de ravageurs. La décision se prendra suite à un comptage, mais aussi en fonction de la biomasse du colza et de sa dynamique de croissance. Il faudra durant vos tours de plaine être particulièrement attentif à vérifier que le "cœur" du colza ne soit pas touché.
A partir d'un seuil indicatif de 2-3 larves par pied ou au-delà de 70% des plantes contaminées, l’intervention est justifiée. Le risque est d'autant plus grand sur des colzas petits ou peu poussants.
Parmi les insecticides disponibles, le BORAVI WG à 1,5 kg/ha (eau à pH 5,5) est une solution qui a fait ses preuves sur le terrain.
L'observation des larves d'altises sera à renouveler tout au long de l'hiver en tour de plaine, y compris après traitement pour vérifier l'efficacité du produit appliqué.
La tenthrède, des attaques rares mais éclair
L’intervention peut avoir lieu lorsqu’un quart de la surface foliaire a été dévorée. Cependant, les traitements sont souvent inutiles car les larves deviennent adultes en 8-10 jours seulement.
De la levée (B2) au stade 6 feuilles (B6), le colza est sensible aux larves de ce petit hyménoptère à tête noire et au corps jaune-orangé. Les larves de tenthrèdes, noires, translucides, d'une longueur de 20 à 50 mm, mangent les feuilles du colza et peuvent causer des dégâts importants dans vos champs.
S'il est possible de se rendre compte de la présence de tenthrèdes dans une parcelle par piégeage, la présence de l'insecte dans les cuvettes jaunes n’est absolument pas un indicateur de nuisibilité.
En cas d’intervention, il possible d’utiliser un pyréthrinoïde autorisé, mais tout autre intervention contre d’autres ravageurs du colza peut aussi être efficace.
Pucerons et viroses : des pertes de rendement de 5 à 8 q/ha
Capable de transmettre trois types de viroses, le puceron vert est le plus redouté. Il est résistant aux pyréthrinoïdes. Il convient donc d'utiliser un produit comme le TEPPEKI® en cas de traitement.
Il existe trois types de pucerons potentiellement nuisibles pour le colza :
- le puceron vert du pêcher, le plus fréquent à l'automne,
- le puceron cendré du chou
- et le puceron du navet.
Les dégâts causés par ces ravageurs sont assez rares sur le colza, et principalement liés aux virus qu'ils transmettent à la plante, comme ceux responsables de la jaunisse (TuYV) ou de la mosaïque du navet ou du chou-fleur (TuMV et CaMV).
Les mosaïques sont peu fréquentes sur colza mais très dommageables (de 5 à 8 q/ha). Au contraire de la jaunisse, très fréquente sur les parcelles de colza, mais donc peu nuisible au développement de la culture.
Le colza est sensible aux attaques de pucerons de la levée (B2) au stade 6 feuilles (B6).
#puceron cendré sur #colza à surveiller à l'automne - symptômes classiques de déformation et décoloration de feuilles (ici en Normandie) virus transmis: mosaïque du chou-fleur et/ou du navet (rare) pic.twitter.com/7qD2xH1zCq
— Sebastien Deraeve (@sderaeve) October 14, 2019
Mouche du chou : aucun traitement chimique à ce jour
Seule la larve de la mouche du chou est nuisible pour les jeunes plants de colza. Les larves pondues par les mouches adultes à proximité des collets s’attaquent aux pivots des plantules.
Le stade de nuisibilité de ce ravageur se situe de la levée au stade 5 feuilles mais le stade 1 feuille étalée est le plus sensible. Les plantes touchées se repèrent aisément par leur couleur rouge violacée.
Malheureusement, il n’existe pour l’instant aucun moyen de lutte chimique contre ce ravageur. Néanmoins il est assez rare d’y être confronté.
Pivot de #colza sectionné par les asticots de mouche du chou : des racines sont déjà en train de se reformer et la plante devrait s'en remettre partiellement. Cette parcelle est moyennement touchée par ce problème (quelques plantes rougissantes). pic.twitter.com/mjL3PzmMK7
— Laurent JUNG (@laurentjung54) November 6, 2018
Pour en savoir plus…
- La grille d’évaluation du risque charançon du bourgeon terminal et larves d'altise de Terres Innovia
- Guide d'observation colza, évaluer l'état sanitaire des cultures des systèmes de cultures de DEPHY Ecophyto
- La protection du colza contre les insectes et les maladies, par l'Association pour la promotion des protéagineux et des oléagineux
Alexandre de Spotifarm 🛰️
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