La course à la diversification est lancée ! Avec des rendements de moins en moins bon en céréales, des impasses agronomiques en betteraves et colza, et une production de lin, maintenir un assolement diversifié et un chiffre d'affaires relève du casse-têtes pour les producteurs à la recherche de nouvelles productions à intégrer dans leurs systèmes de cultures. Le lupin, prisé pour sa teneur en protéines, s'avère être une piste intéressante pour les agriculteurs qui souhaitent préserver leur rentabilité et améliorer leur impact environnemental.
SOMMAIRE
Pourquoi faut-il intégrer du lupin dans sa rotation ?
Est-ce que c'est rentable ?
Quels sont les débouchés du lupin ?
Comment implanter un lupin dans sa rotation ?
Quand semer et à quelle densité ?
Ne pas louper ses désherbages en lupin
Comment récolter et stocker son lupin?
Comme toutes les fabacées, le lupin a la capacité de fixer l’azote de l’air grâce à ses nodosités, permettant une culture sans fertilisation azotée dans l’itinéraire cultural. De plus il est faiblement exigeant en phosphore et en potasse. Cette culture s'inscrit ainsi parfaitement dans le schéma de l'agriculture de conservation.
La culture de lupin permet également de préserver la qualité des sols et des eaux souterraines. Son impact environnemental est très positif car cette culture entraîne une diminution du passage des machines dans la parcelle et un bilan carbone amélioré.
Attention toutefois, le lupin ne supporte pas les sols calcaires.
De manière générale, les fabacées sont aussi de très bons précédents pour produire des céréales. Lors de leur destruction ou leur récolte, ces plantes restituent au sol une matière organique riche en azote : les apports azotés en blé sont moindres derrière ce type de culture (sur la base de 40 kg N/ha en moins en moyenne) et les rendements généralement meilleurs.
En outre, l’implantation d’une telle culture dans une rotation très céréalière et simple permet la rupture du cycle des ravageurs.
Il existe deux types de lupin : le lupin d’hiver et le lupin de printemps.
Le lupin d’hiver produisant des rendements supérieurs mais étant plus sensible aux maladies et à l’enherbement (présent plus longtemps sur la parcelle et étant peu couvrant l’hiver)
Oui, cultiver du lupin est rentable. Au même titre que les pois et la féverole, le lupin est une culture rentable avec une marge brute qui avoisine les 750€/ha. De surcroît, le lupin bénéficie de l’aide couplée aux protéagineux qui était de l’ordre de 170€/ha en 2018.
Comptez un rendement moyen de 35 q/ha pour un prix de vente de 250 à 300€/tonne en moyenne.
De plus, produire un blé de protéagineux (dont le lupin) permet de dégager un bénéfice de +160€/ha par rapport à un blé de blé.
Les charges totales opérationnelles moyennes s’élèvent à 340€/ha pour du lupin d’hiver et 440 €/ha pour du lupin de printemps. La différence réside surtout dans le coût de revient de la semence. Le lupin de printemps est en effet semé à une densité supérieure au lupin d’hiver.
La marge brute est un indicateur pertinent pour choisir les cultures de son assolement. Le tableau ci-dessous vous permettra d'effectuer le calcul de la marge prévisionnelle en fonction du rendement et du prix de vente espérée.
Le lupin est une graine riche en protéines qui se valorise très bien en alimentation animale mais aussi en alimentation humaine. Cependant, le marché du lupin en composition humaine reste très timide, il est difficile de trouver des contrats pour ce marché. Même si quelques coopératives proposent ce type de contrat :
Il est malgré tout possible d'utiliser cette culture en engrais vert ou en culture dérobée dans le cadre des SIE (surfaces d'intérêts environnementales).
Le lupin s’implante très bien dans une rotation de blé, colza, betterave. Il peut être implanté entre 2 blés mais le délai de retour à respecter est de 4-5 ans.
La préparation du sol est importante. Ce dernier doit être meuble et aéré pour faciliter l’implantation du pivot du lupin après le travail du sol. Mais attention à ne pas créer un sol trop battant.
Il est aussi très important d’avoir le moins possible de résidus de paille dans sa parcelle afin de limiter la population des mouches de semis : un labour est idéal pour enfouir ces résidus.
Le semis peut s’effectuer avec un semoir à céréales ou un semoir pneumatique monograine (pour une meilleure précision du semis). A noter tout de même qu’avec un semoir monograine, les inter-rangs seront plus larges et permettront le passage d'une bineuse.
L’itinéraire technique type pour désherber est l’application de Prowl à 2,5 l/ha, d’un Centium à 0,2 l/ha en pré-levée et d’un anti-graminées en post levée. Ce type d’itinéraire coûte en moyenne 90€/ha pour un lupin d’hiver et 60€/ha pour un lupin de printemps.
Par sa morphologie peu couvrante, le lupin est une plante très peu compétitive face aux adventices. Peu de produits phytosanitaires sont homologués sur le lupin pour le désherbage :
Néanmoins, le désherbage mécanique est aussi possible :
La récolte se fait à l’aide d’une moissonneuse batteuse classique d’août à septembre suivant la variété et le type de lupin (hiver ou printemps). La récolte s’effectue lorsque les graines ont atteint 14-15% d’humidité.
Le rendement moyen est situé entre 25 et 35 qx/ha pour un lupin de printemps et 30 et 40qx/ha pour un lupin d’hiver.
C'est l'heure de la #moisson pour notre lupin.
— Germain Albespy (@GermainAlbespy) September 6, 2019
Avec sa bonne valeur en #protéines, ce #lupin assurera une partie de l'#alimentation en protéines de nos #chèvres.
On a pas attendu les #donneursdeleçons, pour chercher des alternatives au #soja importé.#agriculturedurable #aveyron pic.twitter.com/kvczd5p5fU
Le stockage des graines de lupin se fait à un niveau d’humidité en dessous des 16% d’humidité pour éviter que le tas ne chauffe. Les graines sont conservées entières et broyées au fur et à mesure des besoins (mais c’est souvent le travail des organismes stockeurs).
Pour aller plus loin…