Les couvert végétaux (aussi appelés CIPAN, engrais vert, couvert, dérobée, CIVE) sont de plus en plus utilisés dans les exploitations françaises et leur mise en place est encouragée. En effet, la place de l’interculture et des SIE (surfaces d'intérêts écologique) dans les conditions de la PAC devient plus importante, notamment pour le paiement en vert. Les avantages et intérêts de ce type de pratique sont nombreux tant au niveau agronomique, pédologique, environnemental et économique.
Les couverts végétaux sont des cultures secondaires semées entre deux cultures principales. Très présentes en agriculture de conservation, ces cultures intermédiaires servent à occuper l'inter culture dans un objectif précis :
L'implantation d'un couvert végétal sur sa parcelle présente de nombreux intérêts agronomiques , pédologiques et environnementaux :
Tous les types de cultures intermédiaires implantés ont des bénéfices, que ce soit sur une période courte ou en intercultures longues.
Au niveau agronomique, une culture dérobée peut avoir un effet fertilisant pour les cultures suivantes. Certaines espèces de plantes sont utilisées comme culture intermédiaire piège à nitrate (CIPAN). Une fois détruites, elles restituent l’azote qu’elles ont prélevé dans l’air et le sol . L'azote alors présent dans le sol sera valorisé par la culture suivante.
De plus, lors de la destruction d’un engrais vert, la matière organique composant ce dernier est rendue au sol, ce qui permet de maintenir une certaine structure au sol et un taux de matière organique intéressant.
L’implantation d’un couvert va aussi avoir un impact sur les adventices potentiellement présentes sur la parcelle. En effet, la présence d’un couvert étouffe les mauvaises herbes à la levée et va favoriser la diminution du stock semenciers en adventices.
La mise en place d'engrais verts est souvent liée à une diminution voire à l'arrêt du labour. La structure du sol est préservée en cas de non labour : les graines enfouies à plusieurs centimètres de la surface du sol n’ont pas la capacité de germer et de salir la parcelle.
Durant l’hiver, la présence d’un CIPAN permet aussi de protéger les sols des intempéries. Le fait de couvrir son sol limite l’érosion, diminue le phénomène de battance et limite le lessivage et la lixiviation des nutriments vers les horizons profonds de votre sol.
Pour choisir le couvert végétal adapté à son besoin, il faut tenir compte de :
On favorise généralement les légumineuses et on privilégie souvent un mélange de variétés de plantes à système racinaire fasciculées et des systèmes racinaires pivotants.
Le mélange permet de combiner les avantages de chaque espèce.
Certaines espèces et variétés de couverts se mélangent très bien. Après un blé vous pouvez par exemple choisir un mélange composé par exemple de moutarde radis, trèfles, pois, vesce et avoine. Pour du fourrage, privilégiez une combinaison ray-gras hybride et trèfle violet
La semence achetée chez un semencier peut être coûteuse, mais la production de semence de ferme est possible pour réduire ces coûts.
L'itinéraire technique des couverts végétaux est simple et peu contraignant; une intervention de semis et une opération de destruction du couvert. Toute autre intervention est interdite par la réglementation. Mais si les contraintes d’implantation d’un couvert végétal ne sont pas très nombreuses, il ne faut pas les négliger pour réussir son couvert.
Pour semer un couvert végétal, vous pouvez utiliser un semoir classique après un déchaumage, ou pratiquer le semis direct, ou bien encore semer à la volée. Il est possible d'adapter son déchaumeur en investissant dans une trémie frontale pneumatique. Pour en savoir plus sur la trémie frontale, vous pouvez lire notre article: Pourquoi investir dans une trémie frontale ?
Certains agriculteurs sèment également leurs couverts avant moisson, voire embarque un système de semis de couverts sur la coupe de la moissonneuse-batteuse ou à l'arrière de la machine.
La destruction du couvert végétal peut se faire de différentes manières en entrée ou sortie d'hiver :
L'enjeu pour cette intervention est de
déterminer la bonne date de destruction du couvert végétal. Jetez un oeil à notre article sur le sujet pour en savoir plus.
Évidemment, si vous pratiquez le semis direct sous couvert vous n'avez pas besoin de détruire la culture.
Pour contrôler l'état de votre couvert et anticiper la destruction, des OADs sont disponibles comme l'outil Spotifarm - le tour de plaine qui vous donne le taux de couverture de votre champ grâce à un indice de végétation.
Le coût de mise en place d’un couvert végétal peut varier de 75 à 280 €/ha (source Chambres d'Agriculture). Le coût d'un couvert végétal se calcule comme suit :
L'augmentation des charges à l'hectare est compensée par la réduction des charges de fertilisation azotée pour la culture suivante : -5 à -50 kg N/ha peuvent être économisés, avec une moyenne estimée de 20 unités d'azote par hectare. D'autres travaux comme le désherbage ou le labour peuvent aussi être économisés :
L'implantation d'une couverture des sols dans le cas d'une interculture courte n'est pas obligatoire hormis après le colza derrière lequel la présence d'un couvert est obligatoire pendant 1 mois minimum et sera obligatoirement détruit mécaniquement. Ce couvert peut être constitué simplement des repousses de colza.
La couverture des sols en intercultures longues est obligatoire en général et doit être présente au minimum deux mois. La destruction du couvert ne doit pas avoir lieu avant le 1er Novembre. De plus, cette destruction ne sera pas chimique.
Dans le cadre de la politique de verdissement de la PAC 2015-2020, il est possible de déclarer ces surface de couvert végétal d'intercultures en SIE (Surfaces d'intérêts écologiques) mais certaines conditions sont à respecter comme les espèces semées, les date de semis, la destruction ...
Pensez à vérifier les conditions relatives aux couverts dans votre région. Les chambres d'agriculture publient régulièrement un guide de gestion de l'interculture comme c'est le cas par exemple pour la chambre d'agriculture des Hauts-de-France.
Les couverts végétaux sont une alternative intéressante aux labours qui sont très contraignants :
L'implantation de couverts végétaux en interculture s'inscrit dans le développement de nouvelles pratiques agronomiques favorisant la conservation et la protection des sols comme l'agriculture de conservation des sols (ACS) ou encore les techniques culturales simplifiées (TCS). Et ils peuvent être avantageux économiquement comme vus un peu plus haut. De nombreux agriculteurs se convertissent ainsi au semis direct sous couvert (SCDV).
Toutefois, le labour demeure autorisé pour la destruction des couverts ...
L’implantation d’un couvert végétal est une pratique qui revient de plus en plus à la mode pour ces avantages agronomiques, pédologiques, écologiques mais aussi économiques. Lorsqu’un couvert végétal est présent sur une parcelle, il peut avoir un impact très positif sur la culture suivante s’il est bien choisi et bien implanté. En effet, l’implantation d’un couvert doit être raisonnée avec la rotation, les précédents culturaux, le type de sol, les cultures suivantes, la localisation géographique, le type d’agriculture pratiqué, les machines utilisées…
Pour en savoir plus...
Rémi de Spotifarm 🛰️